Chroniques coloniales : 1930 - La Hogra coloniale contre Deffous Ahmed et ses proches


En marge du centenaire
.Les indigènes refoulés les vandales passent

.Dédié à M. le Gouverneur Général

            Grarem le 1er mai 1930

                                                                 Monsieur le Directeur de la « Tribune Indigène »


  Je viens signaler les faits scandaleux qui se sont produits abominablement au beau moment du centenaire
Faits qui donnent répugnance à tout spectateur et aversion à tout lecteur doté d’humanité
Un jugement rendu en faveur de la municipalité de Grarem contre le nommé Deffous Ahmed et ses deux frères tendant au désistement de ces derniers de la terre communale dénommée Tadrar, située à Siliana, canton de Mila, Constantine
Deffous Ahmed
Déjà ceux dont le jugement est rendu à leur encontre avaient quitté la terre communale litigieuse. Mais la municipalité ne visait pas leur désistement seulement elle a recommandé encore l’exécution définitive. Il s’agit de détruire de fond en comble les maisons des adversaires

En effet, les 16 et 17 courant – Avril – Le tribunal de Mila, y compris l’huissier, accompagné de gendarmes se sont transportés sur les lieux et ont exécuté ce jugement d’une façon fort inégale. Ordre donné leur troupe (de 6 ouvriers) particulière effectua la destruction non seulement des maisons des adversaires mais tout un hameau composé de 15 maisons refuges des centaines d’enfants, femmes, vieux et vieilles, dont une partie formant des mutilés de guerre, pupilles de guerre et ascendants des héros de la grande guerre

! La scène était très néfaste, c’est horrible

On y entend et vois pendant ces trois jours de destruction que des cris d’alarme, lamentations, des figures affligées tristement, des esprits mélancoliques, de ces malheureux, très malheureuses créatures, abandonnées à la merci des rigueurs
Cependant les privilégiés de la municipalité qui sont des capitalistes ont partagé des terres communales entre eux et y édifient de superbes maisons sans autres… que leur volonté
Suivent de nombreuses signatures que nous tenons à la disposition de M. le Gouverneur général

Nous avons respecté l’orthographe et le style des pétitionnaires

N.D.R. --- Voila les abominables choses qui se passent au beau mois de mai, au moment même où défilent les cortèges somptueux du président de la république et de sa Harka de gros chefs français et indigènes, au moment où l’on englouti des repas pantagruéliques, où l’on gaspille les millions dans un faste digne de l’empire

Il s’agit là, on l’a compris, de terrains communaux, sur lesquels les indigènes, dépouillés des autres terres, avaient encore accès pour y habiter ou pour y faire pâturer leurs bêtes, et d’où ils sont refoulés au plus beau moment du centenaire et des requins coloniaux en fête

J’ai dénoncé plus d’une fois pareils agissements, où des fractions entières ont été refoulées des communaux, pour les livrer au bon plaisir des colons

Nous y reviendrons sur ce grave problème des terres communales

En attendant, nous espérons que les autorités supérieures interviendront pour réparer le désastre causé parmi toute une fraction de tribu, qui elle aussi a contribué à sauver la France en 1914-1918

Nous faisons appel à la presse indépendante de France, pour protester avec nous et porter ces faits au parlement français

Voila les bienfaits que ceux qui se disent la France, ici, apportent aux indigènes pour fêter le centenaire
                              V. Spielmann

Paru dans : « Demain le travailleur », organe officiel des fédérations socialistes algériennes (S.F.I.O) et des organisations syndicales algériennes confédérées. N° 513 du 17 mai 1930 

Source : Bibliothèque Nationale de France (BNF) — Gallica, bibliothèque numérique : gallica.bnf.fr

     Publié le 04 octobre 2015  par : Abou Omar El  Mohsini


تعليقات

المشاركات الشائعة من هذه المدونة

المـلـــــف : مصالي الحاج ( المولد ، النشأة و الكفاح )

ملف الخونة : الباشاغا بوعلام.. من بطل فرنسي خلال الثورة إلى منبوذ بعد الاستقلال

تكريم الأستاذ دفوس عبد العزيز: لمسة وفاء لأهل العطاء.